parlotage théologie et autres mutations

Quand un robot déconne dans son coin et qu'on est que deux au coins du feu... avant de dormir, y a pas grand chose à faire d'autres que... parler... aussi. Vahan, tout en finissant d'avaler le bout de chaire qu'il vient d'enlever à un avant bras humain bien grillé dit :

- " hum... scronch scronch... hum... Vous... vous vouliez m'étudier non? Il me semble? Voir les mutations que Rontgën m'a apporté? Hum... scronch... Je suis sûr que notre culte vous passionnerait vous savait... Vous avez l'âme d'une atomiste... Oooh oui."



Sa tête est parcourue de tics nerveux qui le prennent de temps en temps, faisant quelques mouvements secs proche du tremblement hystérique. Tandis qu'il regarde l'israëlienne, attendant sa réponse, un peu de sang ayant échappé à la cuisson coule de l'avant bras sur sa poitrine. A noter que son masque à gaz est posé à ses côtés et que son visage est donc dénudé. Sa tête? Prenez un beau gosse à la gueule un peu taillée et mettez lui un cancer en phase terminale. Voilà l'idée.

Sa lance est toujours à portée de main. Outil indispensable, quand on voyage aux côtés de tels... Compagnons.

D'abord silencieuse, cachée derrière un regard froid qui ne trahis aucun sentiment de malaise ou de gêne quelconque, elle observe les tics nerveux qui parcourent le corps et le visage cadavérique de Vahan. Quand celui-ci obtient finalement un soupçon de self-contrôle sur ses petits tressaillements, elle lance froidement:

"Je ne suis qu'une observatrice. Je n'ai dans l'idée de participer à aucun culte, monsieur... Kassabian."

Elle poursuit:

"Vous étudier... C'est cela. Vous observer, vous et vos semblables. Il y'a un point notamment qui m'intéresse fortement..."

Elle semble hésiter, mais l'envie bout au fond d'elle... L'envie, l'ambition... Si les radiations ont apporté quoique ce soit à ces hommes qui en fasse des êtres surhumains, peut-être pourrait-elle...? Elle touche du doigt l'idée, la caresse... Puis se décide.

"Vous avez été soumis aux radiations, monsieur Kassabian. A plus ou moins forte dose, mais cela importe peu pour l'instant...

Qu'est ce que cela à changé en vous, dites moi... Que vous ont apporté les afflux de résidus atomiques? Hmm..."

Elle plante son regard dans celui de l'atomiste... Un regard inquisiteur, déterminé.

"Croyez vous être un surhomme, monsieur Kassabian?"

Il se mordille la lèvre inférieure,
nerveux puis sourit, visiblement heureux de la question. Posant l'avant
bras (celui du repas... pas le sien... parce que poser son propre avant
bras sauf amputation c'est chose peu aisée) il se relève d'un bon et
éclate de rire.

- "Mais quelle question! Aaaaah voyons, bien entendu! Je suis un héritier de Rontgën après tout! Je vais vous montrer"

Enlevant
une botte, puis l'autre, il découvre deux pieds couverts d'écailles
noirâtres et palmés du fait d'une épaisse membrane. Puis baissant son
pantalon, il révèle l'origine des taches noires qui lui prennent le bas
du ventre. Celles ci descendent le long de ses cuisses pour
progressivement se transformer en ces étranges
écailles qui le recouvrent jusqu'aux pieds sus-cités. Il n'a aucune
pudeur et ne semble avoir nulle sensation de froid. Il se tient nu
devant la médecin, heureux d'exhiber ses mutations comme le serait un
enfant de montrer son super nouveau dessin. Bon c'est pourtant bien un
corps d'adulte là... Ok, pas un corps très conventionnel mais à en
juger par l'appareil génital on ne peut plus homo sapiens sapiens, on
peut vraiment affirmer son statut d'adulte.

-
"Voyez... vous voyez....? Ne suis-je pas bénit? Oooooh mais les autres
ne me croyaient pas! ça nooon. Ils ne m'ont pas crus. Qu'importe,
qu'ils pourrissent loin de l'irradiante Tchernobyl. Vous, vous voyez,
vous comprenez."

Le regard tantôt froid avait laissé place à une expression médusée de la part de la militaire, pourtant habituée à voir beaucoup de choses...

Un monstre. Ce type était un monstre, et le pire, c'est qu'il n'en avait nullement conscience. Où était la force là dedans? Qu'y avait-il de surhumain à avoir les jambes recouvertes d'écailles et les pieds palmés? C'était un monstre, et il était complètement taré...

Oui, mais les autres? Elle devait savoir, en avoir le coeur net. Si Vahan n'avait en aucun cas l'air d'un guerrier fantastique, qu'en était-il des autres? Ils ne pouvaient pas tous être des putains de demi poissons...

Reprenant une contenance, une attitude de soldat de fortune, elle lève ses yeux qui se balladaient sur les jambes de Vahan, jusqu'a son visage de dément.

"Je vois, monsieur Kassabian, je vois, en effet..."

Elle se lève lentement, s'approche de lui, passe sur son coté, fait le tour de ce corps mutilé et en proie aux tics les plus violents. Maintenant placée derrière lui, elle empoigne fermement ses épaules, et se penche à son oreille pour murmurer.

"Je vois... Tu es béni, c'est vrai..."

Le souffle de la femme se fait caresse, dans le cou de l'atomiste, alors qu'elle murmure maintenant dans son autre oreille:

"Mais cette bénédiction..."

Une douleur vive s'empare de l'épaule de Vahan, alors que la viande s'engourdit subitement... La main de la brune s'est fixée comme une pince de crabe sur un point bien précis de la pâle anatomie. Elle ne chuchote plus.

"Ne te moque pas de moi ! Je n'ai que faire de l'apparence ! Je veux savoir en quoi cela t'es utile ! Es tu plus fort?? Sais tu faire la guerre??"

"AaaaaaAAAAAAhhhh"

Il
s'affaisse, ploie les genoux par la surprise et la douleur. Mais
rapidement reprend son sang froid, se redresse toujours prisonnier et
levant son genoux haut en avant il l'envoi par un prodigieux mouvement
de bascule en arrière provoquant ainsi la percutions rapide et très
certainement douloureuse pour la cible de son talon, avec un entrejambe
féminin. Profitant de l'effet causé sur l'israélienne il se libère et
fait volte face, son visage est déformé par un rictus orgiaque, ses
yeux exorbités sont comme fous.

"Qu'est-ce que la force pour vous? PUTAIN MAIS TU CROIS QUE J'AI SURVECU COMMENT EN TAULE?"

Son regard s'assombrit.

"MON
CORPS EST BENIT AHAHAHAHAH! Je peux nager plus loin, plus vite et plus
profondément que tout les sapiens, je peux résister à des températures
qui vous éreinterez... TOUT CA : C'EST LE DON DE RÖNTGEN! AHAHAHAHAH"

Sa musculature se tend, les veines de son cou et de son front battent la chamadent, comme folles. Oui : cet homme est effrayant.

Lui est effrayant? Elle est une tueuse...

Pliée de douleur, le coup ayant touché au but, elle chancelle, pose un genoux à terre. Le mal, la surprise, elle ne s'y attendait pas... D'autant plus que malgré la très faible distance qui les séparait, le coup semble puissant: signe d'une cuisse plutôt vive et musclée.

De rage, alors qu'elle est encore genoux au sol, elle empoigne la lance de bois. Les dents serrés, le regard haineux, elle va pour enfoncer la pointe dans le ventre mou de ce demeuré, quand soudain, léger éclat de lucidité passant outre la tension et la rage du combat qui s'engageait, elle se ravise.

Elle peine, pour se calmer, le souffle court, les jambes encore prises d'un tremblement nerveux, comme après chaque affrontement de taille...

La pointe de la lance s'abaisse, vient caresser le sol.

"Joli... Humpff... Joli coup de talon, monsieur Kassabian... Vous venez involontairement de répondre à l'une des questions qui me... Taraudait."

Le souffle redevient peu à peu régulier, bien que la méfiance soit toujours de mise.

Et voilà que la tention s'apaise. Vahan s'approche calmement
d'elle, toujours secoué de quelques spasmes de tremblements cela dit.
Il s'abaisse et lui tend la main pour l'aider à se relever.

-
"Là... là... voyons. Oublions cet incident... regrettable, oui, c'est
ça. Oublions le. Désirez vous que je vous récite des passages du
Manuel? A titre "d'étude" bien entendu."

Tout en
prenant sa main elle peut sentir que sa peau n'est absolument pas
frigorifiée, elle est au contraire tiède et assez douce
contrairement aux apparences.

Elle prend la main qui lui est tendue, fermement... Ce contact est l'une des nombreuses surprises de la journée; une main non pas gelée par la fraîcheur de la nuit, ou calleuse comme celles des fermiers et autres travailleurs de la terre.

Non; de cette main se dégage une tiédeur presque surnaturelle, qui n'échappe certainement pas à l'israëlienne.

"Incident? De quel incident parlez vous, monsieur Kassabian? Je ne vois là qu'un tranquille test des forces entre deux compagnons de voyage supposés se battre côte à côte, n'est-ce pas?"

Oui, si la méfiance est de mise, la mauvaise foi sans borne est aussi au rendez vous. Une des nombreuses spécialités de cette femme, habituée aux coups les plus tordus qui soient.

"Entretenez moi donc au sujet de ce fameux... Manuel, oui... Après tout cela me sera sans doute utile, quand nous serons à Staline IV."

C'est avec une joie manifeste, que
l'atomiste va remettre son pantalon et s'installer au coin du feu ses
pieds palmés luisant à la lueur des flammes. Tout d'abord il reprend un
morceau de la viande qu'il avait laissé. Puis, celle-ci ingurgitée,
reprend :

- "Afin
que vous compreniez mieux l'essence de notre culte. Je vais vous livrer
le début de l'introduction de l'Honoris Uranium : "De la gloire de la
lueur éternelle d'atome" "

Ce
n'est qu'après avoir emballé la viande restante et remis son masque à
gaz qu'il débute sa longue récitation d'une voix vibrante d'émotion. Il dodeline légèrement tout en parlant, comme en transe.

'Car je vous le dis aujourd'hui, comme Cobalt le dit à Stalker : Il n'y a qu'une division, et c'est celle d'Atome.'

Uranium,
que son nom luise pour l'éternité, a fait descendre à la surface ses
signes irradiants pour guider l'humanité en général, et les Agents de
surface en particulier. Les seconds ont la charge de guider les
premiers vers la Lueur.

Il a d'abord envoyé à la surface l'Androgyne Parfait, W.C.
W.C,
est descendu pour aider l'homme à comprendre que le feu nucléaire était
la voie de la purification. Pour aider l'humanité en lui montrant la
voie de la division parfaite qui est celle d'Atome.
Becquerel, que
sa conscience s'unisse à Visa n°21290001, accepta W.C et reçu son
enseignement. Il dispensa la parole d'Uranium à l'humanité entière. Cet
âge d'acceptation et de technologique s'appelle le Premier Age d'Or.
C'est ce jour le Très Scientifique Manuel.
L'homme parvient à
comprendre et à appliquer les Lois d'Uranium. Quand le Prophète de
l'Atome Becquerel, que son nom luise pour 21290001 années, fut rappeler
par Uranium à Tchernobyl, Pierre et Marie Curie, les siamois apôtres du
Premier Age d’Or, prirent la relève. Mais l'homme est prompte à
accueillir la lueur comme à s'en détourner.
Goldstein, le tuteur des siamois désigné par Becquerel, tenta de détourner le culte vers l'énergie du soleil.

Mais souviens-toi, agent, la parole d'Uranium rapportée par le prophète Stalker. Chapitre 3, Alinéa 44 :
"Nous,
Uranium, avons fait l'univers multiple. Mais il est une énergie
supérieure aux autres et c'est celle d'Atome. Ô toi qui doute, le
Soleil peut-il briller la nuit ?"

Maintenant assise au coin du feu, elle écoute le monologue dément, ne signifiant strictement rien, du moins pour elle... Elle prend un air d'élève appliquée, à écouter la docte récitation de la mutation, sans l'interrompre.

De temps à autre, elle ne peut s'empêcher de laisser ses yeux se baisser sur les pieds difformes, mais elle reprend aussitôt son air attentif. Quand Kassabian aura fini, elle ne trouvera qu'une chose à répondre...

"Si le soleil brillait la nuit... On mangerait plus de chauves souris."

Sages paroles, dispensées cette nuit là au coin de la flambée... Elle n'y peut rien, elle est plus soldat que scientifique.